Faire vivre la vie: la prévention

Méningite. Voilà bien un terme qui fait froid dans le dos. Littéralement, il signifie inflammation des méninges sans spécifier la cause de cette inflammation.

Les méningites

Dans le cadre d'une infection, on fera surtout la différence entre méningite virale et bactérienne dont le traitement et le pronostic sont très différents.

Mais on parle également de méningite fongique (à champignons), auto-immunitaire, carcinomateuse (métastase de cancer), médicamenteuse et tuberculeuse.

 

Les signes méningés

Quelle qu’en soit la cause, l’inflammation des méninges se manifeste par une série de symptômes regroupés sous l’appellation "signes méningés"associés à de la température et à une altération de l'état général.

Les signes méningés sont :
- maux de tête;
- raideur de nuque (et pas douleur de nuque) ;
- photophobie (augmentation des maux de tête à la lumière);
- phonophobie (hypersensibilité aux sons forts) ;
- nausées;
- et vomissements.

Ces signes sont peu spécifiques et apparaissent dans de nombreuses autres infections. De plus, une méningite peut survenir sans présenter tous ces signes.

La méningite infectieuse virale

C’est une maladie fréquente à tout âge et de bon pronostic. L'évolution est spontanément favorable sans autre traitement que des antipyrétiques et du repos.

La méningite infectieuse bactérienne

Elle est beaucoup plus rare. L'incidence de ce type de méningite dans les pays industrialisés est située entre 2,5 et 10 pour 100 000 habitants alors qu'elle est dix fois plus élevée dans les pays en voie de développement. Les deux tiers des méningites bactériennes surviennent chez des enfants âgés de moins de 5 ans.

L’infection est due au développement d’une bactérie dans le liquide céphalo-rachidien qui baigne la moelle épinière et le cerveau. L’espace méningé est normalement parfaitement stérile.

L’arrivée d’une bactérie de type pneumocoque ou méningocoque dans cet espace est dramatique car son développement est très rapide dans ce milieu riche en glucose et dénué de toute compétition bactérienne. Ce développement rapide entraine une inflammation des méninges (enveloppe du cerveau et de la moelle épinière). La pression dans l’espace méningé et par voisinage, dans le cerveau augmente donc rapidement, ce qui rend le fonctionnement du cerveau difficile, voire impossible. Cette souffrance majeure du cerveau associée à une septicémie sévère entrainera le décès dans de nombreux cas. L’évolution de la maladie va dépendre du type de bactérie, de l’immunité, de l’âge, de la précocité du diagnostic et du traitement.

Le méningocoque et le pneumocoque

Ce sont les deux plus graves germes responsables de décès. Le premier donnera une septicémie généralisée rapide avec un purpura (éruption cutanée) qui évolue en quelques heures. C’est le plus meurtrier.

Le pneumocoque quant à lui est plus insidieux et le diagnostic se fait fréquemment plus tard. D’autres bactéries peuvent également être responsables de la méningite comme l’hémophiles influenzae, le Borrelia (maladie de Lyme) ou encore le Listeria. La méningite à pneumocoque survient isolement et il n’y a pas de risque d’épidémie mais le méningocoque se transmet par la salive. C’est pourquoi en cas de méningite à méningocoque (0,67 cas/100.000 web/an), les services de santé publique mettront en place un traitement prophylactique dans la classe et la famille d’un enfant ayant présenté une infection. 

Les vaccins

Les challenges en matière de méningite sont nombreux. Avant la maladie, les vaccins restent la meilleure prévention. En effet, être frappé de méningite est le fruit du pur hasard. Ni le milieu social, ni l’hygiène, ni l’alimentation ne peuvent prévenir le drame. Il existe un vaccin contre le méningocoque très efficace mais qui ne peut être donné qu’à partir de 15 mois.

Pour le pneumocoque, première injection à 2 mois, il existe de nombreuses souches différentes et toutes ne sont pas couvertes par la vaccination. Cependant, ces vaccins sauvent de nombreuses vies et ce, de deux manières. Premièrement ils empêchent à l’enfant vacciné de développer la maladie s’il venait à être en contact avec un de ces germes. Deuxièmement, la vaccination diminue le portage des germes en question dans la population générale et donc le risque pour les non-vaccinés (enfants en âge pré-vaccin par exemple).  

La recherche se poursuit en la matière et de nombreuses améliorations sont encore possibles. 

Le diagnostic médical

Un autre défi capital est la précocité du diagnostic. Lorsqu’il examine un enfant malade, tout généraliste, pédiatre ou urgentiste, a dans la tête la crainte de la méningite ; il recherchera la présence de signes méningés tels que vomissements, maux de tête, convulsions, perte d’appétit, troubles de l’état de conscience et bien sûr, température, altération de l’état général (joue-t-il et sourie-t-il en dehors des épisodes de température ?). A son examen clinique, il recherchera une éruption cutanée, une fontanelle tendue (si jeune enfant), des troubles neurologiques, une raideur de nuque et bien sûr toute autre cause à la maladie de l’enfant. En son âme et conscience, il lui est demandé de
trancher et de proposer des examens complémentaires si nécessaire.

Il n’est pas rare d’être trompé par le caractère peu typique de certaines méningites et c’est cela qui rend cette pathologie si stressante pour les médecins et les parents. Si le médecin a des arguments en faveur d’une méningite, il demandera alors une prise en charge urgente pour réaliser une prise de sang et une ponction lombaire à l’hôpital. Les résultats prennent une dizaine de minutes et le traitement antibiotique doit débuter sans attendre. Le diagnostic est donc une étape-clef dont la performance peut certainement être améliorée. Les médecins rêvent de pouvoir un jour bénéficier d’un test simple permettant un diagnostic rapide et non-invasif de la méningite bactérienne. C’est une voie de recherche importante. 

Le traitement et la prise en charge

L’étape du traitement et de la prise en charge est également très importante. En règle, les antibiotiques fonctionnent bien sur la méningite bactérienne si leur prise est débutée précocement.
Mais à côté de l’amélioration de nos antibiothérapies et autres médicaments, il y a aussi la prise en charge de l’enfant gravement malade qui est du ressort des soins intensifs pédiatriques. Leur travail est d’éviter les complications de la méningite en prenant le relais des fonctions vitales altérées par l’infection. Ainsi, la ventilation mécanique, l’hydratation intra-veineuse et la nutrition, la lutte contre les conséquences de l’infection généralisée sont autant de défis médicaux qu’affrontent les équipes de soins intensifs pédiatriques. Leur job est, pour résumer terriblement, de maintenir l’enfant en vie le temps nécessaire pour que les antibiotiques fonctionnent. Malheureusement dans certains cas le
combat est inégal, les dégâts irréversibles et leurs efforts sont vains. Ils doivent alors accompagner l’enfant et sa famille à travers leur drame, privilégiant le confort de l’enfant en se tenant disponibles et prévenants pour les parents. Les services de soins intensifs pédiatriques nécessitent également des
fonds de recherche pour continuer à progresser vers une qualité toujours plus importante.

Consulter un médecin

Ces explications n’apaisent probablement pas les parents ou les proches qui lisent ces lignes. Elles mettent en lumière la faiblesse de la médecine face à cette maladie caméléon qui se cache derrière des symptômes anodins et ne révèle parfois sa vraie nature que lorsque les dégâts sont irréversibles.

Cependant la réalité scientifique reste qu’il s’agit d’une maladie rare. Les conséquences dramatiques d’une telle infection et la difficulté du diagnostic expliquent logiquement l’anxiété de nombreux parents quant à leur enfant malade mais il ne faut pas céder à la panique.

Face à un enfant qui fait de la température, la réaction doit être raisonnable. Si l’enfant est âgé de moins de 3 mois, il faut se rendre dans un service d’urgences. S’il a entre 3 mois et 6 mois, il faut consulter un médecin dans les 24 heures. S’il a plus de 6 mois, il faut donner des antipyrétiques et consulter un médecin après deux jours si persistance de la température. Il existe néanmoins des signes qui justifient de consulter plus tôt comme les convulsions, une altération de l’état général très importante même entre les pics fébriles, des vomissements en jet, un changement de comportement, une somnolence...

www.monenfantestmalade.ch

Une quantité phénoménale d’information médicale ou pseudo-médicale est disponible sur internet, s’y plonger est inévitable lorsque notre enfant est malade mais le résultat de nos recherches est souvent très anxiogène.

Le médecin est là pour intégrer cette information dans un contexte et vous rassurer. Si votre enfant est malade, voici une source parmi d’autres réellement utile qui répondra mieux à vos questions que Doctissimo: http://www.monenfantestmalade.ch/

Felix Gendebien,
Médecin spécialiste en médecine d'urgence.